Au lendemain de l’attentat dans une mosquée de Québec, une grande prise de conscience s’est amorcée au Québec et au Canada. Les gouvernements, les médias et la population entière se sont posés de profondes questions, dont la première est : pourquoi ?
Direction de Radio Canada,
Au lendemain de l’attentat dans une mosquée de Québec, une grande prise de conscience s’est amorcée au Québec et au Canada. Les gouvernements, les médias et la population entière se sont posés de profondes questions, dont la première est : pourquoi ?
Accompagnée d’un élan de grande compassion, la réflexion a porté sur la liberté de religion, le droit à la différence, l’importance du respect de l’autre dans ses choix et ses croyances. On s’est aussi questionné sur les conséquences de la stigmatisation dont ont pu faire l’objet les membres de la communauté musulmane depuis des années. On a réalisé que l’extrémisme pouvait surgir de partout et pouvait aussi être alimenté de plusieurs façons : par les médias, les réseaux sociaux, les propos et idéologies racistes et xénophobes et même par les positions radicales de chefs d’état comme Donald Trump ou de partis comme Marine Le Pen (dont Alexandre Bissonnette était un adepte).
Le premier ministre Couillard nous a rappelé que, dans notre société libre et démocratique, nous devions faire attention aux mots que nous utilisons et véhiculons et être conscients de l’impact que ceux-ci peuvent avoir. Le premier ministre du Canada, Trudeau, a quant à lui souligné que « Ces personnes ont été visées uniquement parce qu’elles pratiquaient leur religion. C’est une attaque contre les valeurs les plus profondes et les plus chères aux Canadiens : l’ouverture, la diversité et la liberté de religion ».
Les leaders religieux de toutes confessions ont laissé de côté leurs divergences de croyance et de foi et se sont donnés la main pour souligner leur solidarité et leur compassion envers les victimes et leurs familles.Mais il semble y avoir un grand absent à cette réflexion : la direction de la Société Radio Canada. En effet, à partir de demain soir (2 février) et pour les trois prochains jeudis, les Grands reportages, sur RDI, diffuseront un documentaire intitulé : « les Sectes, mode d’emploi ». Si l’on s’en réfère au synopsis[1] et aux commentaires des deux scénaristes de ce documentaire[2], on aura droit à un étalage de clichés, de préjugés et de stéréotypes, autant pour décrire le gourou, les adeptes et le mode de fonctionnement. Rien de nouveau : on y parle d’exploitation, de la faiblesse des membres, de leur fragilité et leur faible jugement, de l’emprise du chef, etc. On va même jusqu’à déterrer la vieille histoire d’horreur de Rock « Moïse » Thériault, afin de bien amalgamer et généraliser leur présumé « mode d’emploi ».
Les auteurs de ce documentaire, de même que ses diffuseurs, devraient revenir aux prises de conscience qui sont ressorties cette semaine au Québec et anticiper l’impact négatif de ce type d’émission. Certes animés de la meilleure intention du monde, sous le fallacieux prétexte d’informer, il y a le mal que fera ce documentaire aux membres de ces minorités religieuses et à leurs proches; il y a la stigmatisation dont ils feront l’objet dans leur milieu (travail, amis, voisinage, famille…); sans compter qu’il viendra nourrir la haine de tous les Alexandre Bissonnette de ce monde qui ne demandent que ça pour passer à l’action.
Voilà pourquoi nous demandons à la Société Radio Canada de ne pas diffuser cette série, surtout après ce qui vient de se produire cette semaine, en plus de la discrimination dont risquent d’être victimes les membres de ces groupes spirituels et religieux.Cordialement,
Joseph Kollar, président du Mouvement Raëlien Canadien
[1]
http://attractionimages.ca/fr/productions/208/Secte-Mode-Demploi[2]
http://ici.radio-canada.ca/audio-video/media-7670080/secte-mode-demploi?isAutoPlay=true