Le 28 septembre dernier, les Raëliens du Canada sont descendus en grand nombre dans les rues de Montréal afin de participer, pour une deuxième fois, à une manifestation destinée à dénoncer le projet de loi C-484 du gouvernement de Stephen Harper, lequel donnerait au fœtus un statut juridique et rouvrirait la porte à la criminalisation de l’avortement.

Le 28 septembre dernier, les Raëliens du Canada sont descendus en grand nombre dans les rues de Montréal afin de participer, pour une deuxième fois, à une manifestation destinée à dénoncer le projet de loi C-484 du gouvernement de Stephen Harper, lequel donnerait au fœtus un statut juridique et rouvrirait la porte à la criminalisation de l’avortement. Ils ont profité de l’occasion pour faire connaître la position révolutionnaire du Mouvement Raëlien et de son leader spirituel, Raël : « les Raëliens sont à la fois Pro-vie et Pro -choix ».
Encore une fois, le Mouvement Raëlien se positionne de façon révolutionnaire sur la question, en défendant deux valeurs fondamentales : le droit absolu à la vie, et le droit de la femme à son intégrité et à disposer de son corps comme elle l’entend.
Comment réconcilier ces deux valeurs apparemment irréconciliables? La réponse vient tout droit du Prophète Raël. « Forcer une mère, dit-il, qui ne veut pas accoucher à porter son bébé jusqu'à terme, met la santé de l'enfant en danger. Une mère ne souhaitant pas garder un enfant jusqu'à la naissance normale émet des toxines dues au stress, au rejet mental, à l'angoisse et à la culpabilité qui vont endommager pour toujours la santé du bébé; cela étant souvent renforcé par des compensations au mal-être dû à cette grossesse non souhaitée, comme la drogue, le tabac ou l’alcool.»
« Ainsi, a-t-il expliqué, l'avortement doit pouvoir être pratiqué jusqu'à ce que le fœtus soit capable de survivre par lui-même, sans aucun soutien thérapeutique ou équipement médical; soit environ 30 semaines selon des médecins spécialistes. Parallèlement, il faut que les femmes qui ne souhaitent pas garder un enfant après ce délai puissent être informées des modalités pour accoucher et confier anonymement le bébé - capable de survivre seul - à des institutions appropriées qui peuvent trouver des parents adoptifs. »
Comme le débat sur l’avortement est rouvert depuis quelques mois, outre la participation à ces manifestations populaires, le Mouvement Raëlien a été très présent et a pris position à plusieurs reprises sur la place publique.
En juillet dernier, le Parti Conservateur de Stephen Harper a bien montré ses couleurs en se dissociant de la nomination du Dr. Henri Morgentaler à l’Ordre du Canada. Le Conseil des Évêques du Canada a alors émis un communiqué de presse afin de féliciter le Dr. Morgentaler pour sa nomination et dénoncer la position du gouvernement canadien qui préfère diriger le pays en fonction des lobbys chrétiens plutôt que de s’en tenir aux droits de l’homme.
S’il est important pour le Mouvement Raëlien de souligner la nomination du Dr. Morgentaler à la plus grande récompense émise par le Canada, c’est parce que cet homme s’est toujours battu pour que les femmes qui décident de ne pas mener leur grossesse à terme puissent l’interrompre dans des conditions convenables. « La maternité est une responsabilité très grande, disait-il encore récemment, car il faut donner à un enfant qui est né de l’amour, de l’affection, un foyer agréable. Il est démontré que les enfants non voulus et non désirés subissent de grandes carences émotionnelles et sont souvent abusés ou maltraités ».
Ceci est très similaire à la position raëlienne telle qu’on peut la lire dans le livre Le Message Donné par les Extra-Terrestres: « Si par malheur tu as conçu un être sans le désirer, utilise les moyens que la science met à ton service : utilise l’avortement. Car un être qui n’a pas été désiré au moment de sa conception ne peut pas être épanoui car il n’a pas été créé dans l’harmonie ».
Désirant s’opposer à la nomination du Dr. Morgentaler, L’Évêque catholique Jean-Claude Turcotte a remis sa médaille de l’Ordre du Canada, qu’il avait reçue dans les années 1990, prétextant que « Jusqu’à récemment, je croyais sincèrement qu’on admettait à l’Ordre du Canada des personnes au sujet desquelles s’établit un consensus ».
« Pure hypocrisie » à rétorqué Marc Rivard, Président du Mouvement Raëlien du Canada, dans un communiqué dénonçant la position du cardinal Turcotte. En effet, s’il y a bien une religion qui ne fait pas l’unanimité avec ses prises de position, c’est bien l’Église catholique.
Comme nous pouvons le constater ci-haut, bien que les Droits de l’Homme aient progressés de façon notable au cours des dernières décennies dans nos sociétés dites « évoluées », il ne faut rien prendre pour acquis. Si dans certains États, les gens de même sexe peuvent faire reconnaître leur union en se mariant, si des individus peuvent s’exprimer en critiquant même le chef de leur gouvernement sans craindre la prison, si les femmes gagnent du terrain sur le plan de l’égalité avec les hommes, et si ces mêmes femmes ont accès à un avortement non criminalisé, il faut rester vigilant, car des mouvements se basant sur des philosophies primitives exercent toujours de fortes pressions auprès des gouvernements, priant chaque jour pour un retour en arrière sur ces questions.
Jean Riendeau