Légaliser le suicide médicalement assisté ou s’en remettre à Dieu?


20 mars, 2016
 Aucun    Philosophie

Par Lisiane Fricotté, juriste en Droits de l'homme, libertés publiques et protection sociale.


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Par Lisiane Fricotté, juriste en Droits de l'homme, libertés publiques et protection sociale.

Légaliser le suicide médicalement assisté ou s’en remettre à Dieu?  Où se situent l’amour et le respect de la personne ?

Euthanasie

En France, le cas de Vincent Lambert, hospitalisé depuis 2008 suite à un accident de la route, et maintenu artificiellement en vie (1) relance le débat sur l’euthanasie. Malgré une opinion publique favorable à sa légalisation, les résistances et pressions restent fortes pour que le droit au suicide médicalement assisté ne soit pas reconnu (2).



Science et liberté versus religion catholique



Les « Pro-vie » continuent inlassablement leur combat ; dans le cas de Vincent Lambert ils s’opposent à tout arrêt de soins. Ils rejettent toute évolution qui permettrait une légalisation du suicide médicalement assisté, dans le cas où une personne atteinte d’une maladie ou de lésions irréversibles, incurables, exprimerait ou aurait exprimé ce choix.

Derrière ce combat se profile l’idée que c’est Dieu qui décide.



Un acte d’amour pour une mort paisible



Pour les personnes qui sont dans un état de souffrance physique ou psychologique parce qu’il n’y a pas d’espoir sur un lit d’hôpital et dans l’incapacité totale de mettre fin à cette souffrance, est-ce faire preuve d’amour et de respect à leur égard que de décider pour elles qu’elles doivent rester en vie et continuer de souffrir sans espoir ?



La crainte d’un Dieu ne vaut que pour les personnes qui ont ces convictions. Pourquoi les imposer à des citoyens qui ne sont pas concernés par ces croyances ? Il est légitime de se demander quelle est l’attitude la plus humaine, la plus aimante à adopter quand la souffrance est le seul compagnon de la personne encore en vie (3) ?



Le respect de la volonté de la personne est essentiel. Acte ultime de liberté et d’amour face à la mort.



Pour rappel, la philosophie raëlienne enseigne : « Tout être a droit à la vie, droit à l’amour et droit à la mort. Chaque être est maître de sa vie et de sa mort. La mort n’est rien mais la souffrance est terrible, et tout doit être fait pour la supprimer. Un être qui souffre trop a le droit de se suicider… Si une personne que tu aimes souffre trop et souhaite mourir sans avoir la force de se suicider, aide-là à se supprimer. Lorsque, grâce à la science, les hommes pourront supprimer les souffrances de leurs semblables, ils pourront se demander s’il est bien ou non de se supprimer. » (Extrait de l'ouvrage Le Message donné par les Extra-terrestres, chapitre L’épanouissement)



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1) Le cas Vincent Lambert donne lieu à un processus décisionnel long, dans le cadre légal et judiciaire qui n'a pas encore abouti, malgré l’arrêt des soins validé par la Cour européenne des droits de l’Homme : voir Conseil d’Etat 24 juin 2014 puis arrêt de la cour européenne des droits de l’Homme, 5 juin 2015.



(2) Une loi (2016-87 du 2 février 2016 ) ne légalise pas le suicide assisté. Elle autorise une sédation profonde et continue jusqu’au décès. D’autres tentatives ont été menées précédemment, mais ont été stoppées. Voir article : http://fr.raelianews.org/comment.php?comment.news.290



(3) Lire les articles du professeur Bernard Lebeau, dans le quotidien Le monde du 20 juillet 2012 et du 17 janvier 2014, appelant au vote d’une loi.http://www.lemonde.fr/sante/article/2014/01/17/bernard-lebeau-l-affaire-lambert-demontre-la-necessite-d-une-legalisation-de-l-euthanasie_4349684_1651302.html



(Article initialement paru le 23 juillet 2015 - Mise à jour)