Un groupe de médecins, psychologues, a décidé de créer des sites consacrés à l’éducation sexuelle et sensuelle des adolescents, en réaction à l’accès à la pornographie (educationsexuelle.com ; educationsensuelle.com) [1].
Un groupe de médecins, psychologues, a décidé de créer des sites consacrés à l’éducation sexuelle et sensuelle des adolescents, en réaction à l’accès à la pornographie (educationsexuelle.com ; educationsensuelle.com) [1]. Selon le Dr Spitz, « la pornographie banalisée par internet, doit être contrebalancée par une éducation à la sensualité, pour que les adolescents aient une vision plus structurante de la sexualité et de la relation à l’autre ». A travers des déclarations faites dans différents organes de presse française (voir par exemple, le Monde du 16 août 2010, « La pornographie brouille la sexualité des ados ») ou sur les sites en question, les méfaits de la pornographie sont mis en avant. Elle serait devenue la « norme » et cette évolution :
- d’une part, serait responsable ou tout au moins contribuerait au développement de la violence,
- d’autre part, donnerait une mauvaise image de la sexualité, ce qui rendrait nécessaire de redonner une vision de ce qu’est la sexualité à deux.
Des freins à la libéralisation …
Ces points de vue inspirent quelques questionnements sur l’éducation sexuelle.
- Pourquoi aborder l’éducation sexuelle des adolescents en termes de « norme » ? Y a t il lieu, pour définir le champ de l’éducation sexuelle des adolescents, de poser comme préalable la question de ce qui est normal ou pas ? A l’heure où l’exposition du photographe Larry Clark vient de faire l’objet de censures à Paris, à l’heure où des enquêtes montrent la difficulté pour des jeunes d’affirmer leur homosexualité dans le milieu familial ou bien encore la sous information dans le milieu scolaire (comme l’a constaté, par exemple, l’association Couleurs gaies), la légitimité de ce questionnement est renforcée.
Car si les initiatives dans le domaine de l’éducation sexuelle sont rares, et méritent d’être saluées, espérons que derrière certains discours ne se profilent pas la tentation de normalisation, qui pourrait elle aussi brouiller les cartes et avoir l’effet inverse de celui qui est recherché en matière d’éducation : donner la capacité de choisir, déculpabiliser, libérer des peurs.
- Est-ce un « hasard » si des actions pour recentrer l’éducation sexuelle voient le jour, en France, au moment où de plus en plus d’experts confirment la nécessité d’une éducation dès le plus jeune âge, et prennent en considération la vie sexuelle des ados (information sur la contraception, l’avortement) (voir rapport Unesco ici et communiqué de presse du 28 septembre 2009) ?
On a pu voir, en Angleterre, notamment, comment la pression des forces conservatrices et morales retarde les initiatives les plus novatrices (voir les positions de la FPA en cliquant : ici ; et ici ). En France, des alertes ont été données dès 2006 sur le manque d’éducation et les risques que cela engendre en termes un de santé sexuelle, sans que pour autant des actions soient mises en place (Voir rapport publié le 5 décembre 2006 par Le Haut conseil de la population et de la famille, et les déclarations de A. Nisand, co auteur du rapport, lors de la Journée mondiale de la contraception le 26 septembre 2010[2].).
Les bienfaits d’actions éducatives diversifiées
Si l’on regarde de plus près l’approche qui est faite de la sexualité des ados, vus comme des victimes de la pornographie, un lien est notamment établi entre pornographie et développement de la violence. Or, les avis sont loin d’être unanimes sur la question. Ainsi, Nathalie Bajos, dans l’article précité du quotidien « Le Monde » indique que la pornographie est une « influence parmi d’autres » comme celles des médias, de la famille, de l’école et des copains. « Elles peuvent entrer en contradiction. Ce n’est que si les adolescents sont exposés à des sources normatives qui vont dans le même sens, que la pornographie risque de structurer l’entrée dans la sexualité » indique-t-elle.
C’est donc plutôt l’absence de références, l’absence de dialogue, donc le manque d’éducation qui crée les troubles.
Ainsi, les adolescents sont les victimes des tabous de la société, des parents et éducateurs, qui n’osent pas parler de sexualité ou plus gravement encore l’évoquent en transmettant des sentiments de culpabilité.
Dans son ouvrage, La Méditation sensuelle, Rael enseigne l’importance d’une éducation déculpabilisante, en premier lieu au regard de la masturbation (La méditation sensuelle, chapitre Une étape indispensable : la masturbation).
En vue de la sexualité socialisée, il encourage les parents à mettre à la disposition des adolescents des préservatifs (Newsletter, contact n° 172 du 28 septembre 2002). Cette préconisation est encore plus d’actualité 8 ans après, puisqu’un constat d’une augmentation importante des MST en France, notamment, a été faite par les professionnels de la santé ; un constat similaire a été fait au Royaume uni (voir la nouvelle, cliquez ici ). « Voilà pourquoi, plus que jamais, il faut encourager l'usage des préservatifs, apprendre aux jeunes à les utiliser correctement, et les distribuer gratuitement dans les établissements d'enseignement », a déclaré Maitraya. Il s’agit de faire preuve de responsabilité et de manifester du respect pour les ados qui abordent leur vie d’adulte. Et de manière générale, ce n’est pas parce que l’éducation sexuelle prend toute sa place qu’il faut y voir un encouragement à passer à l’acte [3].
Ces actions éducatives, associées à un apprentissage sur le plaisir que chacun retire de la sexualité, aideraient les jeunes à mieux vivre leur sexualité, sans danger de maladies, et contribuerait à une vie sociale plus harmonieuse, en évitant les violences qui naissent des frustrations ou des drames conduisant aux suicides.
Pour atteindre ses buts, il est important que l’éducation sexuelle se fasse avec les parents et dans les établissements d’enseignement, avec des personnes compétentes, sans préjugé de choix moral et en incluant la dimension de plaisir et la diversité de l’orientation sexuelle.
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[1] A l’inverse, un groupe politique rassemblant des jeunes suisses a, quant à lui, préconisé que soient visionné des films pornographiques dans les cours d’éducation sexuelle dans les écoles, pour dépoussiérer ces cours. Cette proposition a soulevé un tollé de protestations. ( 20minutes.ch).
[2] « En Hollande, où ils parlent de sexualité aux jeunes dès la 8e, il y a trois fois moins d’IVG de mineures qu’en France! » [link]
[3] Les auteurs du site gouvernemental canadien masexualité.ca détruisent le mythe selon lequel le simple fait de parler de sexualité encourage les jeunes à passer à l’acte. Au contraire, ils choisissent et assument librement leur sexualité lorsqu’ils se sentent prêts et ne feront pas de choix en fonction de pressions extérieures.