La liberté n'est pas seulement celle de penser, elle s´applique à toutes les aires de l'activité humaine dont la production de biens, d'objets usuels ou décoratifs. En avril dernier, un citoyen portugais, en l'occurrence raélien, a commandé à la société Shapeway des symboles de l´infini. Voyant que ceux-ci n´étaient pas livrés,
il fut informé par celle-ci *(lien pour courrier)qu´elle ne produirait pas cet artefact à cause de la Swastika y figurant, bien que les responsables fussent conscients de l´antériorité au nazisme de ce symbole et de sa dimension pacifique. Ainsi cette compagnie, non sans avoir engagé un débat interne sur la question, reconnait que ce symbole a existé comme symbole de paix avant d´être accaparé par les nazis, et malgré cela se refuse de produire des objets où il apparaitrait.
Cette position est au premier abord surprenante, car une fois reconnue l´ancienneté de la Swastika comme symbole de paix, il ne devrait plus y avoir de raisons de la censurer. Pourtant Shapeways, tout en espérant que ce symbole soit reconnu pour ce qu´il est, s´aligne sur la perception qu´en aurait la plupart des gens. Ainsi,
la vérité est mise au second plan : « on sait que la swastika est un symbole de paix, mais comme la clientèle, majoritairement, ne le sait pas, la compagnie ne fera rien qui puisse déplaire à celle-ci ». En ces termes pourrait-on résumer la réponse, par ailleurs courtoise et bien articulée, envoyée par le représentant de la compagnie qui au lieu de participer à la restauration de la vérité, qu´elle admet connaitre, ira dans le sens de ses intérêts commerciaux en refusant de reproduire un symbole de paix.
Il y a dans cette situation un résumé de notre monde : entretenir l´ignorance des masses, en faisant fi de la vérité, afin de satisfaire les pouvoirs, en l´occurrence la machine économique. Elle préfère broyer la vérité, même lorsqu´elle est porteuse de paix, -qu´est-ce que la Swastika sinon un symbole de paix ?- plutôt que d´éduquer des populations sous informées, et parallèlement rendues inaptes au discernement et enclines à une hyper susceptibilité, lorsqu´il y a risque de perte d´influence ou de revenus.
Alors qu´une occasion se présente de transmettre l´information correcte, cette entreprise motivée par l´esprit mercantiliste qui l´anime et qui illustre l´état d´esprit général de la société capitaliste, n´en fera rien. En refusant de produire le symbole de l´infini, c´est la paix qu´elle refuse de produire. Elle admet se soumettre aux lois incontrôlées du marché et à l´ignorance qui l´accompagne.
Il reste à présent à vérifier dans quelle mesure ce refus ne contredirait pas les règlements internes de l´entreprise ainsi que les droits des consommateurs. Une entreprise peut certes refuser de produire des objets, mais tant que ce refus n´est pas motivé par ce qui pourrait être considéré comme une discrimination religieuse, raciale ou de genre.
Dans ce cas la discrimination est flagrante vis-à-vis de tous ceux pour qui la Swastika est un symbole vénéré et arboré sur leurs temples, statues, images saintes, écrits et ustensiles religieux ainsi que dans les objets et lieux de la vie profane : résidences, devantures de magasins, automobiles, etc. Quiconque a voyagé en Asie aura remarqué combien la Swastika y est présente chez les Hindoues et Bouddhistes, ainsi que dans soixante-dix autres cultures qui sur les cinq continents la tiennent pour ce qui symbolise le cycle vital, l´harmonie, la paix. Shapeways fait donc preuve, par ce refus de produire le symbole de l´infini parce qu´il contient une Swastika en son centre, d´un ethnocentrisme flagrant, et malheureusement courant, qui nie à plus d´un tiers de la population mondiale le droit d´utiliser un symbole six fois millénaire parce qu´en Europe un parti politique se l´est accaparé il y a moins d´un siècle. On peut certes comprendre qu´en l´Europe de l´Ouest ce symbole ait été fortement associé au nazisme, mais cela ne devrait pas rendre nazi toutes les swastikas du monde de surcroît après qu´un travail d´éducation, à l´instar de ce que fait pro-swastika, démontre que la réalité de ce symbole est tout autre que celle d´un simple drapeau national-socialiste.
Une entreprise comme Shapeways devrait alors se poser deux questions. La première est celle de sa présence éventuelle sur le marché asiatique, dans des sociétés où la Swastika est tenue dans la plus haute estime. La deuxième est celle des minorités dans les pays occidentaux, les autochtones qui, de par leur culture locale (les Basques, les Navajos, ….), ont toujours eu la Swastika, et par ailleurs, celles qui sont issues de l´immigration, en particulier asiatique, ou les personnes qui ont adopté leurs spiritualités et religions : hindouisme, bouddhisme… Doivent-elles être soumises elles-aussi à cet interdit de produire et arborer la Swastika ? Ainsi Shapeways ne respecterait ni certaines minorités en Occident ni la majorité en Asie. Cette position n´est tenable que parce que l´Occident impose ses critères sur le reste du monde, tout en accordant des droits de façon inéquitable aux minorités qui vivent sur son sol. La compagnie Shapeways illustre cette arrogance mêlée d´ignorance et est probablement persuadée que, forte de la domination occidentale, elle peut s´autoriser à discriminer la Swastika impunément. Nous lui montrerons qu´il en est autrement en appelant au boycotte de cette compagnie partout dans le monde et particulièrement en Asie où
la Swastika est et doit être conservée comme le symbole de paix qu´il a toujours été.