Lisiane Fricotté, juriste, DEA Libertés publiques et Droits de l'Homme Actuellement, en France, les débats sur la laïcité ponctuent la vie politique. Ils reflètent les nombreuses contradictions qui règnent dans ce pays sur la place des religions dans la société civile.
Paroles, actes et décisions ne s’accordent pas : affirmation de la neutralité de l’Etat, mais en même temps, interdiction du port de signes religieux par les jeunes dans les écoles, interdiction du port du voile intégral dans l’espace public, mise au ban des minorités religieuses, immixtion des autorités religieuses, et tout particulièrement catholiques, sur des questions de société (1), etc. Telle est la situation réelle. La France, qui s’autoproclame « Terre des droits de l’homme » ne respecte pas les droits et libertés individuelles.
Cette confusion mentale gagne du terrain puisque la grande chambre de la Cour européenne des droits de l’homme a elle-même admis récemment la présence de crucifix dans les écoles publiques, en Italie, favorisant ainsi la religion chrétienne au détriment des autres convictions ou religions (2).
Etat des lieuxUn rapide coup d’œil dans le rétroviseur aidera à comprendre les évolutions en France.
Selon une loi de 1905 (sur la séparation des Eglises et de l’Etat), "L'Etat ne reconnait et ne subventionne aucun culte..." Un énoncé qui semble clair à première vue. Une exception a cependant été admise : en Alsace et Moselle, un régime spécial dit régime concordataire permet notamment aux ecclésiastiques de la religion catholique d'être rémunérés par l'Etat (3).
L'égalité républicaine dont se réclament les politiques et représentants d’institutions impliquerait un arrêt de tous les financements de lieux de culte, qui resteraient à la charge des adeptes, pour ne pas faire supporter par les athées ce poids financier.
S’ajoute à ce tableau le sort réservé aux minorités spirituelles en France depuis plus de 20 ans. Une chasse aux minorités religieuses est orchestrée par un organisme d’Etat, la Miviludes, et diverses associations anti-minorités religieuses qualifiées dédaigneusement de "sectes", qui reçoivent des subventions des pouvoirs publics.et qui sont donc financées avec les impôts des membres de ces mêmes minorités (4).
Et, pour rajouter une touche supplémentaire à la description de ce paysage français, une loi récente sur ‘’la dissimulation du visage dans l'espace public’’ s’applique à partir du 11 avril 2011 : ce texte vise à interdire de manière générale le port du voile intégral en public, pour les femmes de confession musulmane (5). Dans un pays démocratique, respectueux des droits de l’homme, la liberté devrait être la règle, l’interdiction l’exception. En posant comme un principe général une interdiction à l’exercice et à la pratique religieuse, la loi française est totalement contraire aux droits fondamentaux (A ce sujet, voir aussi le
communiqué:
Les raëliens français soutiennent les femmes musulmanes discriminées par la loi sur le port du voile intégral).
L’expression du prosélytisme : un droit fondamentalDans sa déclaration lors de l’adoption d’un texte de loi sur le port des signes religieux à l’école, Raël avait souligné que le respect de la laïcité était fait pour empêcher les fonctionnaires de s’immiscer dans les libertés des citoyens, en faisant la promotion d’une religion particulière et non pas pour empêcher les gens de vivre la religion ou l’athéisme de leur choix.
"S’il faut être extrêmement vigilant pour que rien, dans l’école ou son enseignement, ne fasse la promotion d’une quelconque religion, ni même de la croyance en un dieu quel qu’il soit, il faut cependant respecter la liberté garantie par les Droits de l’Homme, qui veut que chaque individu ait le droit de choisir et de vivre sa religion ou son athéisme librement." avait déclaré Raël.
"Une école, où se côtoient en toute fraternité des jeunes Juifs portants la kippa, des Chrétiens avec un gros crucifix, des Musulmanes avec un voile islamique, des Sikhs avec leurs turbans, des athées avec un tee-shirt proclamant qu’il n’y a pas de dieu, ou des Raëliens avec leur médaille, est une école dont l’enseignement est totalement laïque et qui respecte la séparation de l’Eglise et de l’Etat. En même temps, elle développe le respect et la tolérance dont le monde a tellement besoin, favorisant ainsi l’intégration des minorités immigrées."
Il avait conclu son intervention en rappelant que la défense de la laïcité est capitale, mais elle ne sous-entend pas une perte des libertés individuelles. (6)
En d’autres termes,
le principe même de la laïcité est de limiter les pouvoirs de l’Administration et non de limiter la liberté des individus.L’athéisme, partie intégrante d’un enseignement scolairePlutôt que de fustiger les pratiques religieuses, l’école pourrait devenir un véritable lieu d’échanges philosophiques : les programmes scolaires pourraient planifier un apprentissage des principales religions et de l’athéisme. Cet enseignement ne peut se concevoir que s’il a pour finalité d’explorer les systèmes de croyances religieux, qu’ils soient majoritaires ou minoritaires, et non religieux, en encourageant la réflexion basée sur la science et qu’ils ne se limitent pas bien sûr à des cours pro-religieux et anti science.(7)
Pour garantir le choix de l’enfant, les parents peuvent aussi décider, comme le préconisent les écrits de Raël, de ne lui imposer aucune religion et lui enseigner eux-mêmes, sans parti pris, les principales religions, théories et explications scientifiques sur la création de la vie (8).
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(1) Voir par exemple sur le suicide médicalement assisté, l'article
Pour la légalisation du suicide médicalement assisté du 05 février 2011 :
cliquez-ici (2) CEDH, 18 mars 2011, n° 30814/06, Lautsi et a. c/ Italie. Le recours était exercé par une personne qui considérait que l’exposition de la croix dans les salles de classe de l’école publique fréquentée par ses enfants était une ingérence incompatible avec la liberté de conviction et de religion ainsi qu’avec le droit à une éducation et un enseignement conformes à ses convictions religieuses et philosophiques.
(3) A l'heure où des moyens de réduire les dépenses publiques sont recherchés, l’Etat pourrait supprimer ce régime dérogatoire.
(4) Voir l'article
Les Raëliens demandent la dissolution de la Miviludes du 21 mars 2011:
cliquez-ici (5) Loi n° 2010-1192 du 11 octobre 2010 ; circulaire d’application - Cf.
www.legifrance.gouv.fr(6) Voir Newsletter Contact 223 – février 64
(7) Voir: Newsletter contact n° 225, 22 février 2004/58 AH et contact 259, 23 janvier 2005/59 ; contact n° 363, 24 décembre 64.
(8) Voir l'ouvrage
Le Message donné par les Extra terrestres, Chapitre La naissance